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faire le moindre tort à Barbe-Bleue, que nous n’estimons pas moins que ne l’estimait Godwin.

De 1794 à 1797 L’auteur de Caleb Williams publia une suite d’Essais politiques (the Enquirer), tendant à développer les principes de son premier ouvrage. Sa réputation de publiciste marcha donc de pair avec sa réputation de romancier. Ce fut la première qui le recommanda surtout à une femme célèbre qui défendait courageusement les droits de son sexe par une polémique sérieuse, Mary Wollstonecraft, mâle génie qui n’était pas sans quelque analogie de caractère avec madame de Staël et une seconde Corinne non moins éloquente et plus hardie dans ses théories que la première. Mary Wollstonecraft avait le légitime orgueil de se croire supérieure à beaucoup d’écrivains de l’autre sexe. Mais elle s’humilia devant l’ardent et amoureux Godwin, qui l’épousa.

Ce mariage fut naturellement un événement littéraire ; Godwin ne fut pas peu glorieux de l’avoir emporté sur de nombreux rivaux, les uns riches, les autres très-haut placés dans le monde intellectuel ; il fut plus glorieux encore de rendre sa femme mère : il a assez vécu pour voir sa fille épouse d’un grand poëte et digne de porter son nom aussi bien que celui de Godwin. Malheureusement Mrs. Godwin ne survécut pas à la naissance de celle qui devait être Mrs. Shelley.

Godwin éprouvait le besoin de consacrer littérairement le souvenir des neuf mois de bonheur domestique qu’il avait dus à une femme aimée et admirée. Il composa son roman de Saint-Léon, dont l’héroïne a presque tous les attributs de Mary Wollstonecraft. Inférieur à Caleb Williams, parce que la fable en