Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/76

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pouvait y avoir lieu à rivalité ; M. Tyrrel se soumettait au respect qu’inspirait une si haute réputation, et la jalousie tracassière et pointilleuse du faux honneur ne pouvait que se taire devant un homme si supérieur aux autres.

L’esprit d’animosité qu’on observait entre les deux rivaux avait suspendu, jusqu’à un certain point, les bons effets que la présence et les vertus de M. Clare avaient commencé à opérer sur M. Tyrrel. Mais, dès que cette influence vint à cesser tout à fait, l’humeur violente de celui-ci, ne connaissant plus de frein, se manifesta par des excès plus coupables encore qu’auparavant. Le voisinage d’un rival odieux le rendit plus sombre et plus farouche ; tous ceux qui l’entouraient n’en sentirent que plus durement le poids de la tyrannie. Chaque jour on voyait naître de nouveaux incidents, qui réagissaient encore sur cette haine fatale et l’envenimaient de plus en plus.


VI


Les conséquences de tout ce qui précède ne tardèrent pas à se manifester. Le premier incident qui allait survenir devait en quelque sorte décider la catastrophe. Jusqu’ici je n’ai parlé que des préliminaires de cette histoire, de choses qui n’ont en apparence aucune liaison entre elles, quoique conduisant