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Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/20

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dans ma misère, et n’entendre mon nom qu’avec horreur. Je n’ai pas mérité un pareil traitement : le témoignage de ma conscience dépose en faveur de mon innocence, quand par-tout on s’étonne que j’ose même prétendre à me justifier. Je commence pourtant à entrevoir aujourd’hui quelqu’espoir d’échapper aux pièges qui m’environnent et me pressent de toutes parts. Ce qui me porte à tracer ces mémoires, c’est le besoin de distraire ma pensée sans cesse tourmentée par l’image de ma déplorable situation, et encore la faible espérance qu’ils pourront engager la postérité à me rendre la justice que me refusent mes contemporains. Au moins trouvera-t-on dans les faits que j’ai à raconter, cette liaison et cette consistance qui ne sont guères que l’apanage de la vérité.

Je suis né dans une des provinces du midi de l’Angleterre, d’une famille pauvre et obscure. Mes parens, livrés aux travaux auxquels les paysans sont géné-