Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/262

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porta secrètement dans ce monde, et l’on emmaillota sa tête et ses oreilles dans le voile épais de la nuit ; on l’eût volontiers étouffée, mais elle crût et se fit grande, et depuis se montra nue au grand jour, sans pourtant en être plus belle ; cependant, plus son visage était affreux, plus elle cherchait la lumière.

Je vois vraiment déjà le tems où tous les braves gens de la ville s’écarteront de toi, prostituée, comme d’un cadavre infect. Le cœur te saignera, s’ils te regardent seulement entre les deux yeux. Tu ne porteras plus de chaîne d’or, tu ne paraîtras plus à l’église ni à l’autel ! tu ne te pavaneras plus à la danse en belle fraise brodée ; c’est dans de sales infirmeries, parmi les mendians et les estropiés, que tu iras t’étendre et, quand Dieu te pardonnerait, tu n’en serais pas moins maudite sur la terre !

MARTHE.

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