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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/119

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Elle plonge l’écumoire dans la marmite, et lance les flammes après Faust, Méphistophélès et les animaux. Les animaux hurlent.


MÉPHISTOPHÉLÈS lève l’éventail qu’il tient à la main, et frappe à droite et à gauche sur les verres et les pots.

En deux ! en deux !
Ustensiles de sorcières,
Vieux flacons, vieux pots, vieux verres !
En deux ! en deux !
Toi, tu m’as l’air bien hardie ;
Attends, un bâton
Va régler le ton
De ta mélodie.


Pendant que la sorcière recule, pleine de colère et d’effroi.

Me reconnais-tu, squelette, épouvantail ? Reconnais-tu ton seigneur et maître ? Qui me retient de frapper et de te mettre en pièces, toi et tes esprits chats ? N’as-tu plus de respect pour le pourpoint rouge ? méconnais-tu la plume de coq ? ai-je caché ce visage ? Il faudra donc que je me nomme moi-même ?

LA SORCIÈRE

Ô seigneur ! pardonnez-moi cet accueil un peu rude ! Je ne vois cependant pas le pied cornu… Qu’avez-vous donc fait de vos deux corbeaux ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Tu t’en tireras pour cette fois, car il y a bien du temps que nous ne nous sommes vus. La civilisation, qui polit le monde entier, s’est étendue jusqu’au diable ; on ne voit plus maintenant de fantômes du nord, plus de cornes, de queue et de griffes ! Et, pour ce qui concerne ce pied, dont je ne puis me défaire, il me nuirait dans le monde ; aussi, comme beaucoup de jeunes gens, j’ai depuis longtemps adopté la mode des faux mollets.

LA SORCIÈRE, dansant

J’en perds l’esprit, je crois,
Monsieur Satan chez moi !