Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/128

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Et toi, qui t’y a conduit ? De quels sentiments te trouves-tu agité ? Que veux-tu ici ? Pourquoi ton cœur se serre-t-il ?… Malheureux Faust, je ne te reconnais plus !

Est-ce une faveur enchantée qui m’entoure en ces lieux ? Je me sens avide de plaisir, et je me laisse aller aux songes de l’amour ; serions-nous le jouet de chaque souffle de l’air ?

Si elle rentrait en ce moment !… comme le cœur te battrait de ta faute : comme le grand homme serait petit ! comme il tomberait confondu à ses pieds !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vite, je la vois revenir.

FAUST.

Allons, allons, je n’y reviens plus.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Voici une petite cassette assez lourde que j’ai prise quelque part, placez-la toujours dans l’armoire, et je vous jure que l’esprit va lui en tourner. Je vous donne là une petite chose, afin de vous en acquérir une autre : il est vrai qu’un enfant est un enfant, et qu’un jeu est un jeu.

FAUST.

Je ne sais si je dois…

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Pouvez-vous le demander ? Vous pensez peut-être à garder le trésor : en ce cas, je conseille à votre avarice de m’épargner le temps, qui est si cher, et une peine plus longue. Je n’espère point de vous voir jamais plus sensé ; j’ai beau, pour cela, me gratter la tête, me frotter les mains… (Il met la cassette dans l’armoire et en referme la serrure.) Allons, venez vite ! vous voulez amener à vos vœux et à vos désirs l’aimable jeune fille, et vous voilà planté comme si vous alliez entrer dans un auditoire, et comme si la physique et la métaphysique étaient là devant vous en personnes vivantes. Venez donc.

Ils sortent.