Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/191

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MARGUERITE, se cachant sous sa couverture.

Hélas ! hélas ! les voilà qui viennent. Que la mort est amère !

FAUST, bas.

Paix ! paix ! je viens te délivrer.

MARGUERITE, se traînant jusqu’à lui.

Es-tu un homme ? tu compatiras à ma misère !

FAUST.

Tes cris vont éveiller les gardes !


Il saisit les chaînes pour les détacher.


MARGUERITE.

Bourreau ! qui t’a donné ce pouvoir sur moi ? Tu viens me chercher déjà, à minuit ! Aie compassion, et laisse-moi vivre. Demain, de grand matin, n’est-ce pas assez tôt ! (Elle se lève.) Je suis pourtant si jeune, si jeune, et je dois déjà mourir ! Je fus belle aussi, c’est ce qui causa ma perte. Le bien-aimé était à mes côtés, maintenant il est bien loin ; ma couronne est arrachée, les fleurs en sont dispersées… Ne me saisis pas si brusquement ! épargne-moi ! que t’ai-je fait ? Ne sois pas insensible à mes larmes : de ma vie je ne t’ai vu.

FAUST.

Puis-je résister à ce spectacle de douleur ?

MARGUERITE.

Je suis entièrement en ta puissance ; mais laisse-moi encore allaiter mon enfant. Toute la nuit, je l’ai pressé contre mon cœur ; ils viennent de me le prendre pour m’affliger, et disent maintenant que c’est moi qui l’ai tué. Jamais ma gaieté ne me sera rendue. Ils chantent des chansons sur moi ! c’est mal de leur part ! Il y a un vieux conte qui finit comme cela. À quoi veulent-ils faire allusion ?