Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/195

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FAUST.

Je reste donc avec toi !

MARGUERITE.

Vite ! vite ! sauve ton pauvre enfant ! va, suis le chemin le long du ruisseau, dans le sentier, au fond de la forêt, à gauche, où est l’écluse, dans l’étang. Saisis-le vite, il s’élève à la surface, il se débat encore ! sauve-le ! sauve-le !

FAUST.

Reprends donc tes esprits ; un pas encore, et tu es libre !

MARGUERITE.

Si nous avions seulement dépassé la montagne ! Ma mère est là, assise sur la pierre. Le froid me saisit à la nuque ! Ma mère est là, assise sur la pierre, et elle secoue la tête, sans me faire aucun signe, sans cligner de l’œil ; sa tête est si lourde ! elle a dormi si longtemps !… Elle ne veille plus ! elle dormait pendant nos plaisirs. C’étaient là d’heureux temps !

FAUST.

Puisque ni larmes ni paroles ne font rien sur toi, j’oserai t’entraîner loin d’ici.

MARGUERITE.

Laisse-moi ! non, je ne supporterai aucune violence ! Ne me saisis pas si violemment ! je n’ai que trop fait ce qui pouvait te plaire.

FAUST.

Le jour se montre !… Mon amie ! ma bien-aimée !

MARGUERITE.

Le jour ? Oui, c’est le jour ! c’est le dernier des miens ; il devait être celui de mes noces ! Ne va dire à personne que Marguerite t’avait reçu si matin. Ah ! ma couronne !… elle est bien aventurée !… Nous nous reverrons, mais ce ne sera pas à la danse. La foule se presse, on ne cesse de l’entendre ; la place, les rues pourront-elles lui suffire ?