Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/240

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PHORKYAS.

Ils ajoutaient, ensuite, que, montant du creux empire des ombres, Achille se joignit ardemment à toi ! t’aimant antérieurement, contre toutes les résolutions de la destinée.

HÉLÈNE.

Mais, comme idole, je m’unis à lui, idole lui-même. C’était un songe ; ces paroles le disent assez… Je perds connaissance… et deviens une idole encore une fois, je le sens !

Elle tombe dans les bras du chœur.


LE CHŒUR.


Tais-toi, tais-toi !
Toi, au regard oblique, à la bouche méchante :
Des lèvres si hideuses, ne montrant qu’une dent !…
Que peut-il sortir de cet effroyable gouffre entr’ouvert ?
Car le méchant qui paraît bienfaisant,
La colère du loup sous la toison de la brebis
M’inspirent plus de frayeur
Que la gueule du chien à trois têtes.
Nous sommes là écoutant avec anxiété :
Quand, comment peut-il sortir, ce monstre sans égal,
Placé là dans toute son horreur ?
Car, maintenant, au lieu de nous verser
La douce parole consolatrice, puisée dans le Léthé,
Tu remues, des temps passés, plus de mal que de bien,
Et tu rembrunis, en même temps,
Et l’éclat du présent et la lumière de l’espérance
Qui doucement commençaient à poindre.
Tais-toi, tais-toi !
Que l’âme de la reine,
Déjà près de s’enfuir,
Se maintienne encore et conserve palpable
La plus pure de toutes les formes
Que le soleil ait jamais éclairées.


Hélène s’est remise et se retrouve au milieu des autres.


PHORKYAS.

Sors des nuages légers, magnifique soleil de ce jour, qui, voilé, nous ravissais encore et qui règnes maintenant en éblouissant par ton éclat. Tu vois dans ton