Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/278

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De cet enfer brûlant,
Des éclairs montent en langues de feu
À travers les feuilles, à travers les branches
Ô mes yeux ! faut-il que vous voyiez cela !
Faut-il que mon regard porte si loin !
Voici la petite chapelle qui croule
Écrasée du fardeau des branches.
Les flammes embrasent déjà le faîte,
Et jusqu’à la racine brûlent
Les troncs creux, rouges comme pourpre !…


FAUST, sur le balcon, le regard dirigé vers les dunes.

Quel chant plaintif entends-je là-haut ? D’abord des paroles, puis des sons ! Mon veilleur se lamente, et l’action qui vient de s’accomplir me chagrine intérieurement. Mais, pour quelques tilleuls ruinés et réduits en troncs de charbon, qu’importe ! Un vaste espace sera bientôt déblayé, et ma vue s’étendra à l’infini. Je verrai aussi la nouvelle demeure bâtie pour ce vieux couple, qui, dans le sentiment de sa vertu, achève paisiblement ses jours.

MÉPHISTOPHÉLÈS et SES TROIS SERVITEURS.

Nous voilà arrivés de toutes les forces des chevaux. Pardonnez si tout n’a pas été très-bien. Nous frappâmes d’abord à coups redoublés, et personne n’ouvrit la porte ; nous secouâmes et frappâmes toujours, et voilà la porte vermoulue enfoncée. Nous nous mîmes à appeler à grands cris et avec menaces ; mais les vieillards paraissaient tout étourdis, et, comme il arrive en pareille occurrence, nous ne pouvions leur faire entendre raison ; sur quoi, nous n’hésitâmes pas à les tirer dehors avec force. Le couple s’est beaucoup débattu, et ils ont fini par tomber expirants à terre. Un étranger, qui était caché dans la maison et qui fit mine de se défendre, fut étendu mort près d’eux. En peu de temps, la paille s’enflamma aux charbons brûlants répandus autour de la cabane. La voilà maintenant qui pétille dans le feu et sert de bûcher aux trois corps.

FAUST.

Étiez-vous sourds à mes paroles ? Je voulais l’échange