Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/300

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nir sur la table une vigne avec ses grappes de raisin, dont un chacun en prit sa part. Il commanda puis après de prendre un couteau et le mettre à la racine comme s’ils eussent voulu couper ; néanmoins ils n’en purent pas venir à bout ; puis, après, il s’en alla hors des étuves et ne tarda guère sans revenir. Lors ils s’arrêtèrent tous et se tinrent l’un l’autre par le nez, et un couteau dessus. Quand donc puis après ils voulurent, ils purent couper les grappes. Cela leur fut ainsi mis aucunement ; mais ils eussent bien voulu qu’il les eût fait venir toutes mûres.


Au jour du dimanche, Hélène enchantée.

Au jour du dimanche, des étudiants vinrent, sans être invités, en la maison du docteur Fauste pour souper avec lui, et apportèrent avec eux des viandes et du vin, car c’étaient gens de dépense volontaire.

Comme donc le vin eut commencé à monter, il y eut propos à table de la beauté des femmes, et l’un commença de dire à l’autre, qu’il ne voulait point voir de belles femmes, sinon la belle Hélène de Grèce, parce que sa beauté avait été cause de la ruine totale de la ville de Troie, disant qu’elle devait être très-belle, de ce qu’elle avait été tant de fois dérobée, et que pour elle s’était faite une telle élévation.

Le docteur Fauste répondit : « Puisque vous avez tant de désir de voir la belle personne de la reine Hélène femme de Ménélaüs et fille de Tyndare et de Léda, sœur de Castor et de Pollux (qui a été la plus belle de toute la Grèce), je vous la veux faire venir elle-même ; que vous voyiez personnellement son esprit en sa forme et stature comme elle a été en vie. »

Sur cela, le docteur Fauste défendit à ses compagnons que personne ne dît mot, et qu’ils ne se levassent point de la table pour s’émouvoir à la caresser, et sortit hors du poêle.

Ainsi, comme il entrait dedans, la reine Hélène suivait