Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/326

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— Ah ! malheureux, je me suis trompé !

Tous ses chants sont donc adressés à Molly, qui elle-même était éperdument amoureuse de Burger marié.

La morale n’eut cependant rien à redire à cette sympathie, car Molly était vertueuse ; mais il arriva que la femme du poëte mourut, et, si l’on en croit quelques suppositions, d’une mort volontaire, pour céder le cœur de Burger à Molly, sa sœur.

Ils s’épousèrent et vécurent heureux, quoiqu’ils fussent bien pauvres, et de là datent les chants de la liberté, de la joie de Burger. Mais, hélas ! Molly mourut dans ses premières couches, et notre poëte fut au désespoir. Il errait donc d’un lieu à l’autre, traînant avec lui une maladie de poitrine, lorsqu’une veuve de Francfort, se disant amoureuse de ses poésies, lui fit des propositions de mariage par écrit. Comme elle avait de la fortune, il accepta ; mais, un an après son troisième mariage, il divorça, et s’en alla seul chercher la mort et une place à côté de sa chère Molly. Tel fut Burger, qui, il est vrai, avait déjà un modèle en Hœtly, professeur de différentes langues, et qui le premier sut trouver le ton naturel des chants populaires. Burger, mort, en 1794, a laissé des chansons, des ballades, des contes, des épigrammes, et surtout sa célèbre ballade de Léonore, qui parut en 1772, deux ans avant son premier mariage.

Schiller marche encore l’un des premiers de cette famille de poëtes créateurs. Célèbre en France par ses pièces de théâtre surtout, il nous est moins connu comme poëte lyrique ; mais, en Allemagne, sa poésie est populaire.

Jean-Frédéric Schiller naquit en 1759 à Marbach, petite ville de Souabe ; son père, qui était jardinier du duc de Wurtemberg, lui fit faire quelques études, jusqu’au temps où le duc de Wurtemberg le prit sous sa protection, et, lui ayant fait apprendre un peu de médecine, le nomma à vingt ans, par grâce singulière, chirurgien de son régiment de grenadiers. Mais le jeune Schiller, qui avait peu de goût pour cette carrière, en avait pris beaucoup, au contraire, pour le théâtre, et composa vers ce temps son