Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/334

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À côté de lui vient Lenau, également comte ; mais celui-ci ne brille que dans le second rang. De nos jours, Carl Beck, né à Pesth, a fait une grande sensation en Allemagne, par ses Chansons cuirassées, et sa Bible. Freilligrath de Detmold a su encore se faire un nom par sa forme hugoïenne, c’est ainsi qu’on l’appelle, et par ses portraits orientaux. Freilligrath est commis dans une épicerie, tout en composant des poésies lyriques qui ont eu quelque réputation. Dingelstaed, à Gassel, entra en même temps en lice par ses sonnets. Creuzenach, à Francfort, s’est fait remarquer par sa forme classique ; Saphir, à Vienne, par son esprit voltairien, et Zedlitz, par une seule pièce de vers, que le nom magique de Napoléon a fait voler d’un bout de l’Europe à l’autre. Nous ne devons même pas oublier dans cette énumération le roi Louis de Bavière, qui, sans être devenu positivement le roi des poëtes allemands, a cependant su conquérir une place distinguée. Il faut accorder plus d’éloges encore à la pensée qu’il a eue de faire construire, sur le rivage du Danube, un magnifique temple de marbre dédié à tous les génies et à toutes les gloires de l’Allemagne, et portant le nom de Wahlalla. Les images des grands poëtes ont pris place dans ce monument parmi celles des artistes et des guerriers ; Klopstock, Schiller, Gœthe, Jean-Paul, etc., y attendent leurs successeurs poétiques. C’est là assurément une noble idée et un magnifique poëme de marbre et de bronze qui garantit l’immortalité de son poëte et fondateur.

La décentralisation en Allemagne produit des résultats littéraires tout à fait différents de ceux qu’on voit en France, et il est rare qu’un nom puisse primer comme ceux de Schiller et de Gœthe. La plupart des poëtes lyriques sont encore vivants. Uhland cependant, ayant épuisé le moyen âge, se tait ; Heine et Ruckert peuvent être regardés comme complets dans leur carrière de poëtes lyriques. Il n’y a plus que les Almanachs des Muses qui nous révèlent encore des noms inconnus. Cependant, jamais l’Allemagne n’a produit plus de vers, et même de vers remarquables ; elle est arrivée, comme nous, à ce point