Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/349

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LE VOYAGEUR.

Je te remercie. — Comme tout fleurit autour de nous, et reverdit !

LA. FEMME.

Mon mari va bientôt revenir des champs : ô reste, étranger, reste pour manger avec nous le pain du soir !

LE VOYAGEUR.

C’est ici que vous habitez ?

LA FEMME.

Oui, là, parmi ces murs : mon père a bâti la chaumière avec des tuiles et des décombres, et nous y demeurons depuis. Il me donna à un laboureur, et mourut dans nos bras. — As-tu bien dormi, mon amour ? Comme il est gai, comme il veut jouer, le petit fripon !

LE VOYAGEUR.

Ô nature inépuisable ! tu as créé tous les êtres pour jouir de la vie ! tu as partagé ton héritage à tous tes enfants comme une bonne mère… À chacun une habitation. L’hirondelle bâtit son nid dans les donjons, et s’inquiète peu des ornements que cache son ouvrage. La chenille file autour de la branche dorée un asile d’hiver pour ses œufs : et toi, homme ! tu te bâtis une chaumière avec les débris sublimes du passé… Tu jouis sur des tombes ! — Adieu, heureuse femme !

LA FEMME.

Tu ne veux donc pas rester ?

LE VOYAGEUR.

Dieu vous garde ! Dieu bénisse votre enfant !

LA FEMME.

Je te souhaite un heureux voyage.

LE VOYAGEUR.

Où me conduira ce sentier que j’aperçois sur la montagne ?