Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/407

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Ô pères, n’exigez pas trop d’un jeune homme : je veux essuyer mes joues humides avec ma blonde chevelure, avant d’oser chanter le plus noble des fils de Mana.

DARMONT.

Oh ! je verse des pleurs de rage ; et je ne les essuierai pas : coulez, inondez mes joues, larmes de la colère.

Vous n’êtes pas muettes ; amis, écoutez leur langage : « Malédiction sur les Romains ! » Écoute, Héla[1] : Que nul des traîtres qui l’ont égorgé ne périsse dans les combats !

WERDOMAR.

Voyez-vous le torrent sauvage se précipiter sur les rochers ? il roule parmi ses eaux des pins déracinés et les apporte au bûcher du héros.

Bientôt Hermann ne sera que poussière, il reposera dans un tombeau d’argile, et à sa cendre nous joindrons l’épée sur laquelle il jura la perte du conquérant.

Arrête, esprit du mort, toi qui vas rejoindre Siegmar, et vois comme le cœur de ton peuple n’est rempli que de toi.

KERDING.

Oh ! que Trusnelda ignore que son Hermann est étendu là dans son sang ! Ne dites pas à cette noble femme, à cette mère infortunée que le père de son Trumeliko n’est plus.

Celui qui l’apprendrait à cette femme, qui marcha un jour enchaînée devant le char de triomphe du vainqueur, celui-là aurait un cœur de Romain !

DARMONT.

Et quel père t’a engendrée, malheureuse fille ? Un Segestes, qui aiguisait dans l’ombre le glaive de la trahison. Ne le maudissez pas… Héla déjà l’a condamné.

WERDOMAR.

Segestes est un nom qui doit être banni de vos chants ;

  1. Divinité des enfers.