Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/416

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quelque peine qu’on puisse avoir à supposer de tels prodiges. Mes chants ne sont qu’un reflet de cette grâce céleste que la merveille des fleurs répand sur les actions et la vie des petits et des grands.

Oh ! si vous aviez connu celle qui fit jadis toute ma joie ! la mort l’arracha de mes bras sur l’autel même de l’hymen ; vous auriez aisément compris ce que peut la divine fleur, et la vérité vous serait apparue comme dans le jour le plus pur.

Que de fois je lui dus la conservation de cette merveille ! elle la remettait doucement sur mon sein quand je l’avais perdue ; maintenant, un esprit d’impatience l’en arrache souvent, et, toutes les fois que le sort m’en punit, je regrette amèrement ma perte.

Oh ! toutes les perfections que la fleur avait répandues sur le corps et dans l’esprit de mon épouse chérie, les chants les plus longs ne pourraient les énumérer ; et comme elle ajoute plus de charmes à la beauté que la soie, les perles et l’or, je la nomme la merveille des fleurs ; d’autres l’appellent la modestie.



SONNET.


Mes amis, il vous est arrivé peut-être de fixer sur le soleil un regard, soudain abaissé ; mais il restait dans votre œil comme une tache livide, qui longtemps vous suivait partout.

C’est ce que j’ai éprouvé : j’ai vu briller la gloire, et je l’ai contemplée d’un regard trop avide… Une tache noire m’est restée depuis dans les yeux.

Et elle ne me quitte plus, et, sur quelque objet que je fixe ma vue, je la vois s’y poser soudain, comme un oiseau de deuil.

Elle voltigera donc sans cesse entre le bonheur et