Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/447

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où deux tilleuls jettent leur ombre ; c’est là qu’elle dort saintement sous un tapis de violettes.

Un an écoulé, Robert revint avec des yeux où la vie s’éteignait, et des blessures, fruits d’une guerre sanglante : sa bien-aimée n’est plus, il l’apprend et s’en va reposer auprès d’elle.

Tous les soirs, une blanche vapeur s’élève de leur tombe ; une jeune bergère la vit une fois lentement s’entr’ouvrir, et crut y distinguer deux ombres dont la vue ne l’effraya pas.



BARDIT

Traduit du haut allemand.


Silvius Scaurus, l’un de ces Romains orgueilleux qui se sont partagé la Germanie et les Germains, manda un jour ses affranchis et leur fit déposer la vipère à tête étoilée dont ils nous meurtrissaient la chair ; il nous permit d’entrer dans la forêt des chênes, et de nous y enivrer de cervoise écumante.

Car, ce jour-là, Silvius épousait la fille blonde d’un de nos princes dégénérés, de ceux à qui les Romains ont laissé leurs richesses pour prix de leurs trahisons ; et nous, misérables serfs, savourant à la hâte notre bonheur d’un jour, nous nous gorgions de marrons cuits, nous chantions et nous dansions avec nos sayes bleues.

Or, il y avait là plus de trois mille hommes, et quelques affranchis qui nous surveillaient ; et, quand la nuit commença à tomber, et que les chênes répandaient une odeur enivrante, nous criâmes tous à Hédic le Barde que nous voulions un chant joyeux qui terminât dignement cette journée.

Hédic n’avait pas coutume de nous faire attendre longtemps ses chants, et, quand nous les entendions, les