Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les autres ! Votre évêque étourdissait les oreilles de l’empereur, comme s’il avait eu merveilleusement à cœur la justice, et maintenant il m’enlève lui-même un vassal, dans le temps où nos querelles sont apaisées, où je ne pense point à mal. Tout n’est-il pas arrangé entre nous ? Que veut-il à cet homme ?

WEISLINGEN.

Cela est arrivé à son insu.

GŒTZ.

Pourquoi ne le relâche-t-il pas ?

WEISLINGEN.

Cet homme ne s’est pas conduit comme il le devait.

GŒTZ.

Comme il le devait ? Sur mon âme, il a fait ce qu’il devait, aussi sûr qu’il a été enlevé avec votre aveu et celui de l’évêque. Croyez-vous que je sois d’aujourd’hui dans le monde, pour ne pas voir où tout cela mène ?

WEISLINGEN.

Vous êtes soupçonneux et vous nous faites injure.

GŒTZ.

Weislingen, dois-je parler à cœur ouvert ? Je suis pour vous une épine dans l’œil, si petit que je sois, et Sickingen et Selbitz tout autant, parce que nous sommes fermement résolus à mourir, plutôt que d’être redevables à d’autres que Dieu de l’air que nous respirons, et de vouer notre foi et nos services à d’autres que l’empereur. C’est pourquoi ils tournent maintenant autour de moi ; ils me noircissent auprès de Sa Majesté et de leurs amis et de mes voisins, et ils épient l’occasion de prendre sur moi l’avantage. Ils veulent se défaire de moi, n’importe par quel moyen. C’est pourquoi vous avez enlevé mon vassal, parce que vous saviez que je l’avais envoyé à la découverte ; et il n’a pas fait ce qu’il devait, parce qu’il ne m’a pas trahi auprès de vous. Et toi, Weislingen, tu es leur instrument !

WEISLINGEN.

Berlichingen !

GŒTZ.

Laissons ces discours ! Je suis l’ennemi des explications : on se trompe soi-même ou l’on trompe l’autre, et, le plus souvent, tous les deux.