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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/186

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dire : car, si cela est arrivé, je l’ai cajolée sur le lit de son mari.

ADÉLAÏDE.

Comment avez-vous fait pour l’amener ?

LIEBETRAUT.

Vous savez trop bien comme on prend les bécasses : dois-je encore vous enseigner mes ruses ?… J’ai fait d’abord comme si je ne savais rien, et n’avais rien appris de sa conduite ; et par là je l’ai mis dans la fâcheuse nécessité de me conter toute l’histoire. Je l’ai aussitôt considérée d’un tout autre côté que lui ; je ne pouvais deviner… je ne pouvais comprendre… et ainsi de suite. Après, j’ai parlé de Bamberg à tort et à travers, les grandes choses, les petites ; j’ai réveillé certains vieux souvenirs, et, quand j’eus occupé son imagination, je renouai effectivement une quantité de fils que je trouvais rompus. Il ne savait ce qui se passait en lui ; il sentait pour Bamberg un nouvel attrait ; il voulait… sans vouloir. Comme il descendait dans son cœur, et cherchait à débrouiller cela, beaucoup trop occupé en lui-même pour être sur ses gardes, je lui jetai autour du cou une corde formée de trois fils bien forts, faveur des dames, faveur des princes et flatterie, et voilà comme je l’ai traîné ici.

ADÉLAÏDE.

Que lui avez-vous dit de moi ?

LIEBETRAUT.

La pure vérité : que vous aviez des difficultés au sujet de vos biens… que vous aviez espéré, comme il avait tant de crédit auprès de l’empereur, qu’il pourrait aisément terminer cela.

ADÉLAÏDE.

Bien !

LIEBETRAUT.

L’évêque vous l’amènera.

ADÉLAÏDE.

Je les attends… (Liebetraut se retire) dans des dispositions avec lesquelles j’attends rarement une visite.