Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/201

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SELBITZ.

Vous avez pourtant chaque année les inspections de la justice impériale.

LE BEAU-PÈRE.

Je n’en ai rien aperçu. Maints beaux écus m’ont glissé des doigts. C’est inouï ce qu’il faut débourser !

GŒTZ.

Comment cela ?

LE BEAU-PÈRE.

Ah ! tous vous tendent la main. L’assesseur, à lui seul, Dieu le lui pardonne ! m’a pris dix-huit florins d’or.

LE GENDRE.

Qui ?

LE BEAU-PÈRE.

Qui d’autre que ce Sapoupi ?

GŒTZ.

C’est infâme.

LE BEAU-PÈRE.

Bon ! je devais lui en payer vingt. Et, lorsque je les lui eus comptés, dans la grande salle de sa maison de campagne, qui est magnifique, je sentis mon cœur presque brisé de chagrin. Car, voyez-vous, une maison et une basse-cour, c’est bien : mais d’où faut-il tirer de l’argent comptant ? J’étais là, Dieu sait dans quel état ! Je n’avais pas dans ma bourse un rouge liard pour la route. Enfin je pris courage, et le lui représentai. Quand il vit que l’eau m’en venait aux yeux, il me rejeta deux florins et me renvoya.

LE GENDRE.

Ce n’est pas possible ! Sapoupi !

LE BEAU-PÈRE.

Pourquoi t’étonner ? Certainement. Point d’autre.

LE GENDRE.

Que le diable l’emporte ! Il m’a pris aussi quinze florins d’or.

LE BEAU-PÈRE.

Malédiction !

SELBITZ.

Gœtz !… Et nous sommes des brigands !

LE BEAU-PÈRE.

Voilà pourquoi la sentence était si louche ! Le chien !