Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE CAVALIER.

Non, monseigneur.

GŒTZ.

Commande à tout le monde de se tenir prêt… Il faut nous séparer, mes amis. Pleure, ma bonne Marie. Il viendra des moments où tu pourras te réjouir. Il vaut mieux pleurer le jour de tes noces, que si une joie excessive était le présage d’un prochain malheur. Adieu, Marie ! Adieu, mon frère !

MARIE.

Je ne puis me séparer de vous, ma sœur. Cher frère, souffre-nous ! Estimes-tu si peu mon mari, que de mépriser son secours dans cette extrémité ?

GŒTZ.

Oui, mes affaires sont en fâcheux état. Peut-être suis-je près de ma ruine. Vous commencez à vivre, et vous devez séparer votre sort du mien. J’ai fait seller vos chevaux : il faut que vous partiez sur-le-champ.

MARIE.

Non frère ! mon frère !

ÉLISABETH, à Sickingen.

Cédez-lui. Partez.

SICKINGEN.

Chère Marie, partons.

MARIE.

Toi aussi ? Mon cœur se brisera.

GŒTZ.

Eh bien, reste ! Dans quelques heures mon château sera cerné.

MARIE.

Malheur ! malheur !

GŒTZ.

Nous nous défendrons aussi bien que nous pourrons.

MARIE.

Mère de Dieu, aie pitié de nous !

GŒTZ.

Et à la fin nous devrons périr ou nous rendre… Et tes larmes auront entraîné ton noble époux dans ma ruine.

MARIE.

Tu me mets au martyre.