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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/273

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quiète. Tu te consumes en toi-même. Viens, visitons tes blessures ; elles vont beaucoup mieux. Dans ce sombre découragement, je ne te reconnais plus.

GŒTZ.

Est-ce que tu cherchais Gœtz ? Il y a longtemps qu’il n’est plus. Ils m’ont mutilé pièce à pièce, ma main, ma liberté, mes biens et ma bonne renommée… Ma tête, qu’importe ?… Qu’avez-vous appris de George ? Lerse est-il allé chercher George ?

ÉLISABETH.

Oui, mon bien-aimé ! Relevez-vous ! Bien des choses peuvent changer.

GŒTZ.

Celui que Dieu abat ne se relève pas lui-même. Je sais parfaitement ce qui pèse sur mes épaules. Je suis accoutumé à supporter le malheur. Et maintenant ce n’est pas seulement Weislingen ; ce ne sont pas seulement les paysans, ni la mort de l’empereur et mes blessures… c’est tout ensemble. Mon heure est venue. J’espérais qu’elle serait telle que ma vie… Que sa volonté soit faite !

ÉLISABETH.

Ne veux-tu pas prendre quelque chose ?

GŒTZ.

Rien, ma femme. Vois comme le soleil brille là dehors.

ÉLISABETH.

Un beau jour de printemps.

GŒTZ.

Ma chère, si tu pouvais persuader au gardien de me souffrir dans son petit jardin une demi-heure, afin que je jouisse du doux soleil, du ciel serein et de l’air pur

ÉLISABETH.

J’y vais. Il y consentira sans doute.