SCÈNE IX.
Malheur à moi !
Je veux, je veux le voir ! Éridon bien-aimé ! Églé m’a fait aller au bal ; je t’ai manqué de parole, j’en ai du repentir. Mon ami, je n’irai pas !
ÉRIDON, à part.
Trompeur que je suis !
Es-tu encore fâché ? Tu détournes le visage ?
ÉRIDON, à part.
Que lui dirai-je ?
Ah ! une si petite faute mérite-t-elle cette vengeance ? Tu as le droit de ton côté, cependant laisse….
Oh ! laisse-le aller ! Il vient de me donner un baiser, il en a la saveur encore….
Un baiser !
Très-tendre !
Ah ! c’en est trop pour mon cœur ! Peux-tu sitôt me haïr ? Malheureuse que je suis ! Mon ami m’a délaissée ! Celui qui embrasse d’autres belles commence à fuir la sienne. Ah ! depuis que je t’aime, ai-je fait chose pareille ? Aucun jeune homme n’a plus osé prétendre à mes lèvres. À peine ai-je donné un baiser au gage touché. La jalousie me ronge le cœur aussi bien qu’à toi. Et cependant je te pardonne : seulement tourne-toi de mon côté. Mais, pauvre cœur, c’est en vain que tu es si bien défendu : il ne sent plus d’amour depuis que tu l’as offensé. Désormais celle qui plaidait pour toi avec tant d’éloquence, parlera vainement en ta faveur.