Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/410

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L’appartement de Guilbert. SOPHIE, MARIE.

MARIE.

Tu l’as vu ? Je tremble de tout mon corps. Tu l’as vu ? J’ai failli me trouver mal, quand j’ai appris qu’il venait, et tu l’as vu ? Non, je ne puis, je ne saurais…. Non, je ne pourrai jamais le revoir.

SOPHIE.

J’étais hors de moi lorsqu’il entra ; car, hélas ! ne l’aimaisje pas, comme toi, du plus parfait, du plus pur amour fraternel ? Son éloignement ne m’a-t-il pas affligée, déchirée ?… Et je le vois repentant, de retour à mes pieds !… Ma sœur, il y a quelque chose de magique dans son regard, dans le son de sa voix…. 11….

MARIE.

Jamais, jamais !

SOPHIE.

Il est toujours le même ; toujours ce cœur sensible, doux et bon ; toujours cette ardeur passionnée ; toujours ce même désir d’être aimé, et ce sentiment de douleur et d’angoisse, lorsqu’on lui refuse l’affection. J’ai tout retrouvé. Et il parle de toi, Marie, comme dans les jours heureux de son plus ardent amour. C’est comme si ton bon génie avait ménagé lui-même cet intervalle d’éloignement et d’infidélité, pour interrompre la monotonie et la langueur d’une longue liaison et donner au sentiment une vivacité nouvelle.

MARIE.

Tu plaides sa cause.

SOPHIE.

Non, ma sœur ; aussi ne l’ai-je point promis. Seulement, ma

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chère,