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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/449

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LUCIE.

Tant mieux ! Puisque enfin je dois me plier aux volontés de quelqu’un, il faut que ce soit de bon cœur ; autrement, cela ne va pas.

LA MAÎTRESSE DE POSTE.

Bon ! bon ! nous reviendrons bientôt là-dessus, et vous me direz si j’ai parlé vrai. C’est être heureux que de vivre auprès de notre baronne. Quand ma fille sera un peu plus grande, elle servira chez elle, au moins quelques années : cela profitera à la petite pour toute sa vie.

ANNETTE.

Quand vous la verrez seulement !... Elle est si aimable ! Vous ne croiriez pas avec quelle impatience elle vous attend. Elle m’aime aussi beaucoup. Ne voulez-vous pas aller auprès d’elle ? Je vous conduirai.

LUCIE.

Il faut d’abord m’ajuster, et je veux aussi prendre quelque chose.

ANNETTE.

Je puis du moins y courir, petite maman ? J’irai dire à madame que mademoiselle est arrivée.

LA MAÎTRESSE LE POSTE.

Va.

MADAME SOMMER.

Et dis-lui, ma petite, qu’en sortant de table, nous irons lui présenter nos devoirs. (Annette sort.)

LA MAÎTRESSE DE POSTE.

Ma fille lui est extraordinairement attachée. Aussi est-elle la meilleure âme du monde, et les enfants sont toute sa joie. Elle se fait servir par des filles de paysans, jusqu’à ce qu’elles soient formées : alors elle leur cherche une bonne condition ; et c’est ainsi qu’elle passe le temps, depuis que son mari est absent. C’est inconcevable qu’elle puisse être si malheureuse et en même temps si aimable, si bonne.

MADAME SOMMER.

N’est-elle pas veuve ?

LA MAÎTRESSE DE POSTE.

Dieu le sait ! Son mari est absent depuis trois ans, et l’on n’entend