vez-vous ! » répondrez-vous tout bas. Il demandera votre main comme un gage de paix. Vous lui donnerez votre main ; il la couvrira de mille baisers. * Levez-vous ! direz-vous alors ; éloignez-vous ! On pourrait nous surprendre. » Il hésitera. Vous vous lèverez de votre siége. « Éloignez-vous ! » direzvous avec instance, et vous lui glisserez la rose dans la main. Il voudra vous retenir. « Quelqu’un vient, » direz-vous en chuchotant, et vous fuirez du berceau. Il voudra, pour adieu, risquer un baiser. Vous l’arrêtez, lui pressez la main, et lui dites doucement : « Nous nous reverrons, » et vous lui échappez.
LA NIÈCE.
Chère tante, pardonnez-moi, c’est une commission difficile, dangereuse. Qui est cet homme ? Qui dois-je représenter ? La nuit, les circonstances ne le rendront-elles pas plus entreprenant ? Pouvez-vous m’exposer ainsi ?
LA MARQUISE.
Tu ne risques rien, mon enfant. Je serai près de là, et ne tarderai pas un moment, quand j’entendrai ces derniers mots. Je m’approcherai et le ferai fuir.
LA NIÈCE.
Comment puis-je bien jouer mon rôle, ne sachant pas qui je représente ?
LA MARQUISE.
Prenez des manières nobles, parlez bas : la nuit fera le reste.
LA NIÈCE.
Quel soupçon éveillent chez moi cette robe bleue, ces mouches d’argent !
LA MARQUISE.
A la bonne heure, si vous le soupçonnez, si vous le devinez ! Vous représentez la princesse, et le cavalier sera le chanoine.
LA NIÈCE.
Chère tante, comment pouvez-vous imposer à une malheureuse jeune fille abandonnée une si étrange entreprise ? Je ne comprends pas la liaison ; je ne vois pas en quoi cela peut vous être utile : mais songez que ce n’est pas une plaisanterie. Avec quelle sévérité ne serait pas puni celui qui imiterait, dans quelque signature, la main du prince ; qui se permettrait de graver l’image de son roi sur un faux métal ! Kt moi, misérable que je suis,