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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/212

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courage et je dis : « Je pense à ce que Votre Majesté a fait et fera encore ; et je pourrais atteindre l’âge de Mathusalem, et veiller toujours, sans parvenir au bout de mes pensées. » Alors il fit semblant de ne pas entendre, et passa plus loin. Mais voilà que, environ huit ans après, il arrêta encore les yeux sur moi à la revue. « Veilles-tu toujours, Brême ? cria-t-il. — Sire, répliquai-je, Votre Majesté ne nous laisse pas plus de repos dans la paix que dans la guerre. Vous faites toujours de si grandes choses, que le plus habile en est confondu. »

MARTIN.

Ainsi donc, compère, vous avez parlé au roi ? Osait-on, comme cela, lui parler ?

BRÊME.

Sans doute on osait comme cela et bien autrement encore, car il savait tout au mieux. L’un était pour lui comme l’autre, et le paysan lui tenait surtout au cœur. « Je sais bien, disait-il à ses ministres, s’ils voulaient lui faire telle ou telle objection, que les riches ont beaucoup d’avocats ; mais les pauvres n’en ont qu’un seul, et c’est moi. »

MARTIN.

Oh ! que ne l’ai-je pu voir aussi !

BRÊME.

Silence ! J’entends quelque chose. Ce seront nos amis. Justement ! Pierre et Albert.



Scène VII.

LES PRÉCÉDENTS, PIERRE, ALBERT.
BRÊME.

Bienvenus !… Jacques n’est-il pas avec vous ?

PIERRE.

Nous nous étions donné rendez-vous aux trois tilleuls, mais il nous a fait trop attendre, et nous sommes venus seuls.

ALBERT.

Qu’avez-vous de neuf à nous dire, maître Brême ? Est-il venu quelque chose de Wetzlar ? Le procès avance-t-il ?