Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/269

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et libre courage ; car la troupe de ceux qui sont nés après vous déjà s’approche, demandant les instruments achevés, admirant vos rares ouvrages.

LES BERGERS.

Gravissez la montagne ;
Suivez le cours des ruisseaux ;
Où la roche est fleurie,
Où s’étend le pâturage,
Cheminez doucement.

Il se trouve partout quelque chose,
Gazons et fraîche rosée ;
Promenez-vous et cherchez,
Allez pas à pas, broutez en silence
Ce qu’il vous faut.

UN BERGER, aux forgerons.

Robustes frères,
Pourvoyez-nous !
Donnez-moi de vos lames
La plus tranchante :
Syrinx en souffrira !
Pour tailler les roseaux,
Donnez-moi d’abord la mieux affilée !
Que les sons soient doux !
En célébrant vos louanges.
Nous quitterons ces lieux.

DEUXIÈME BERGER, à un forgeron.

Ainsi ton obligeance
A fourni ces voluptueux,
Et, qui plus est encore,
Ils te l’ont emprunté !
Donne-nous une arme d’airain,
À pointe vive, et large à l’autre bout,
Que nous puissions attacher fortement
Au bois de nos bâtons.

Nous avons affaire au loup,
Aux hommes malveillants ;
Car les bons eux-mêmes
Ne voient pas avec plaisir
Qu’on s’attribue quelque chose.
Mais, de près ou de loin,
On en vient aux prises,
Et qui n’est pas guerrier
Ne doit pas être pasteur.