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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/305

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La Princesse.

Nous permets-tu de t’accompagner ?

Alphonse.

Restez à Belriguardo, passez ensemble à Consandoli ; jouissez des beaux jours au gré de votre désir.

La Princesse.

Tu ne peux rester avec nous ? Tu ne peux régler ici les affaires aussi bien qu’à la ville ?…

Éléonore.

Tu nous enlèves d’abord Antonio, qui devait nous conter tant de choses de Rome ?

Alphonse.

Cela ne se peut, enfants que vous êtes ; mais je reviendrai avec lui aussitôt que possible ; alors il vous fera ses récits, et vous m’aiderez à récompenser l’homme qui vient encore de prendre tant de peine pour mon service ; et, quand nous aurons tout dit entre nous, que la foule des courtisans vienne alors animer nos jardins, et, comme de raison, m’offrir aussi, sous l’ombrage, quelque beauté, dont j’aurai cherché la trace.

Éléonore.

En amies, nous saurons fermer les yeux.

Alphonse.

Vous savez, en revanche, que je suis indulgent.

La Princesse, se tournant vers le fond de la scène.

Depuis longtemps je vois le Tasse approcher. Il marche à pas lents ; quelquefois il s’arrête tout à coup, comme irrésolu, puis il vient à nous d’un pas plus rapide et s’arrête encore.

Alphonse.

S’il médite et compose, ne le troublez pas dans ses rêves, et laissez-le poursuivre son chemin.

Éléonore.

Non, il nous a vus, il vient ici.