Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/338

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faire du bien au jeune homme, pour qu’il nous en remercie dans l’âge mûr.

Alphonse.

Sa punition, je le crains, n’est que trop sévère.

Antonio.

Si tu veux le traiter avec indulgence, ô prince, rends-lui sa liberté, et que l’épée décide notre querelle.

Alphonse.

Si l’opinion l’exige, je le veux bien. Mais dis-moi comment tu as excité sa colère.

Antonio.

À peine saurais-je dire comment cela s’est fait. Comme homme je l’ai peut-être mortifié ; comme gentilhomme je ne l’ai pas offensé ; et, dans sa plus grande colère, aucune parole outrageante ne s’est échappée de ses lèvres.

Alphonse.

C’est ainsi que j’avais jugé votre débat, et, ce que j’avais supposé d’abord, tes paroles me le confirment encore. Quand deux hommes se querellent, on regarde avec raison le plus sage comme le coupable. Tu ne devais pas t’échauffer avec lui ; il te siérait mieux de le diriger. Il en est temps encore. Il n’y a point ici de circonstance qui vous oblige de combattre. Aussi longtemps que la paix me demeure, je souhaite d’en jouir dans ma maison. Rétablis le calme : tu le peux facilement. Éléonore Sanvitale peut chercher d’abord à l’apaiser par son doux langage : va le joindre ensuite ; rends-lui, en mon nom, une entière liberté, et gagne sa confiance par de nobles et sincères paroles. Termine cette affaire aussi promptement que tu pourras. Tu lui parleras comme un ami et un père. Avant notre départ, je veux savoir la paix conclue ; et, si tu le veux, il n’est rien d’impossible pour toi. Nous resterons, s’il le faut, une heure de plus, et nous laisserons ensuite les dames achever doucement ce que tu auras commencé ; et, quand nous reviendrons, elles auront effacé la dernière trace de ces rapides impressions. Il semble, Antonio, que tu veuilles t’entretenir la main : tu viens à peine de terminer une affaire, tu reviens, et aussitôt tu t’en fais une nouvelle. J’espère qu’elle te réussira également.