mon dernier guide. Et tes conseils, les conseils des hommes sages que rassemble notre cour, je les estime hautement. Vous déciderez, quand mes amis de Rome ne m’auront pas entièrement convaincu. Cependant il faut que je les voie. Gonzague a réuni pour moi un tribunal devant lequel je dois d’abord me présenter. À peine puis-je attendre. Flaminio de Nobili, Angelio de Barga, Antoniano et Sperone Speroni !… Tu dois les connaître !… Quels noms que ceux-là ! Ils inspirent à la fois la confiance et la crainte à mon esprit, qui se soumet volontiers.
Tu ne songes qu’à toi et tu ne songes pas au prince. Je te l’ai dit, il ne te laissera point aller ; et, s’il le fait, il ne cédera pas volontiers. Tu ne veux pas demander ce qu’il ne peut t’accorder qu’à regret. Et dois-je ici m’employer pour une chose que je ne puis moi-même approuver ?
Me refuses-tu le premier service, quand je veux mettre à l’épreuve l’amitié que tu m’as offerte ?
La véritable affection se montre en refusant à propos ; et l’amitié accorde bien souvent un funeste avantage, quand elle considère le désir plus que le bien de celui qui la sollicite. Tu me sembles, dans ce moment, juger avantageux ce que tu désires avec passion, et tu exiges, à l’instant même, ce que tu désires. Celui qui est dans l’erreur remplace par la vivacité ce qui lui manque en vérité et en force. Mon devoir m’oblige à modérer, autant que je puis, la fougue qui t’égare.
Je connais dès longtemps cette tyrannie de l’amitié, qui de toutes les tyrannies me paraît la plus insupportable. Tu penses autrement, et, par cela seul, tu crois penser juste. Je reconnais volontiers que tu désires mon bien ; mais ne demande pas que je le cherche par ton chemin.
Et dois-je sur-le-champ, de sang-froid, te nuire, avec une évidente et pleine persuasion ?
Je veux te délivrer de ce souci. Tu ne m’arrêteras point par