LE DUC.
Elle regarde fixement le ciel ; elle regarde autour d’elle avec égarement. Elle vit ! elle vit !
Le Roi, se retirant un peu. Redoublez vos soins.
LE DUC.
Elle vit ! elle vit ! Elle a rouvert ses yeux à la lumière. Oui, elle reconnaîtra bientôt son père, ses amis. Ma chère enfant, ne disperse pas ainsi autour de toi tes regards étonnés, incertains ; tourne-les d’abord sur moi, sur ton père. Reconnais-moi ; que ma voix frappe la première ton oreille, à présent que tu reviens à nous de cette nuit silencieuse.
Eugénie, qui est revenue à elle-même par degrés et s’est relevée. Que nous est-il arrivé ?
LE DUC.
Reconnais-moi d’abord !… Me reconnais-tu ?
EUGÉNIE.
Mon père !
LE DUC.
Oui, ton père, que cette douce parole arrache des bras du désespoir.
EUGÉNIE.
Qui nous a portés sous ces arbres ?
Le Duc, à qui le Chirurgien a donné un linge blanc. Reste tranquille, ma fille ! Prends ce fortifiant avec calme, avec confiance !
Eugénie. Elle prend des mains de son père le linge qu’il lui a présenté, et en couvre son visage ; ensuite elle se relève soudain, en se découvrant la figure.
Je reviens à moi !… Oui, je sais tout maintenant. J’étais làhaut ; j’ai hasardé de descendre à cheval, en droite ligne. ParT donne ! N’est-ce pas, je me suis précipitée ? Me pardonnes-tu ? On m’a relevée pour morte ? Mon bon père ! Et pourras-tu encore aimer la téméraire qui t’a causé une si amère douleur ?
LE DUC.
Je croyais savoir, ô ma fille, quel noble trésor m’a été dispensé en toi : maintenant la crainte que j’ai eue de te perdre augmente en moi jusqu’à l’infini le sentiment du bonheur.
Le Roi,