Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/72

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et crédules. (5e retournant.) Petite nièce, où êtes-vous ? que faites-vous ?




LA NIÈCE.

Je suis perdue ! (Elle avance vers sa tante, d’un pas mal assure, et s’arrête à moitié chemin.)

LA MARQUISE.

Remettez-vous, ma chère !

LA NIÈCE.

Je ne puis…. je ne verrai pas les esprits !

LA MARQUISE.

Chère enfant, laissez-moi ce soin. Je vous conseillerai, je vous aiderai.

LA NIÈCE.

Les conseils, les secours sont inutiles. Sauvez-moi, sauvez une infortunée d’un affront public. Le magicien me rejettera ; je ne verrai pas les esprits ; je me trouverai confondue devant tout le monde.

La Marquise, à part. Que peut signifier cela ?

LA NIÈCE.

Je vous en prie à genoux, je vous en supplie : sauvez-moi ! J’avouerai tout. Ah ! ma tante ! ah ! ma chère tante !… si j’ose encore vous donner ce nom…. Vous ne voyez point devant vous une jeune fille innocente. Ne me méprisez pas ! ne me repoussez pas !

La Marquise, à part. Quelle surprise ! (A sa Nièce.) Levez-vous, mon enfant !

LA NIÈCE.

Je ne pourrais pas, quand je le voudrais : mes genoux ne peuvent me soutenir. Cela me fait du bien d’être ainsi à vos pieds. C’est dans cette position seulement que j’ose vous dire : Peutêtre suis-je excusable…. Ma jeunesse, mon inexpérience, ma situation, ma crédulité !…

LA MARQUISE.

Je vous croyais plus en sûreté sous les yeux de votre mère que dans un couvent. Levez-vous. (Elle relève sa Nièce.)

LA NIÈCE.

Ah ! dois-je dire ? dois-je avouer ?