Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/94

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insupportable vivacité. (La musique recommence. La personne voilée descend lentement les degrés.)




La Nièce, à part. Je tremble de tous mes membres. j

LE CHANOINE.

Ne nous refuse pas plus longtemps la lumière de ton visage.

TOUS.

Grand cophte, nous t’implorons ! (La musique fait entendre quelques sons rapides. Le voile tombe.)

Tous, en se levant et s’approchant à la fois.

Le comte ! (Lesjeunes gens se lèvent.)

Le Comte, s’avançanl.

Oui, le comte ! L’homme que vous appeliez jusqu’à présent d’un nom sous lequel le monde le connaît dans ce moment. 0 aveugles ! ô cœurs endurcis ! Voici près d’une année que je vis avec vous, que j’instruis votre ignorance, que j’anime votre intelligence morte : je vous signale le grand cophte, je vous donne les marques les plus décisives, et vos yeux ne s’ouvrent pas pour reconnaître que vous l’avez continuellement devant vous, l’homme que vous cherchez ; que vous recevez journellement de ses mains les biens après lesquels vous soupirez ; que vous avez plus sujet de rendre grâces que de prier ! Cependant j’ai compassion de votre intelligence terrestre ; je m’accommode à votre faiblesse. Voyez-moi donc dans ma magnificence. Vos yeux peuvent me reconnaître, si votre cœur m’a méconnu. Et, si le pouvoir que j’ai exercé sur vos âmes a laissé votre foi chancelante, croyez maintenant aux prodiges que j’accomplis hors de vous, mais en votre présence.

Le Chanoine, à part.

Je suis confondu !

LE CHEVALIER, à part.

Je reste muet.

LA MARQUISE, « part.

Son effronterie passe mon attente.

LE MARQUIS, Ù part.

Je suis curieux de voir où ceci aboutira.

LE COMTE.

Vou3 êtes troublés ? Vous baissez les yeux ? Vous osez à peine