Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/132

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la course rapide t’appelle au loin, de la borne difficile à toucher ; si, après le tourbillon de la danse impétueuse, l’on passe les nuits en festins : mais, de faire vibrer avec force, avec grâce, les accords d’une lyre savante ; d’avancer, avec d’aimables détours, vers un but que l’on a fixé soi-même, ô vieillards, c’est là votre office, et nous’ne vous en respectons pas moins. La vieillesse ne fait pas, comme on dit, tomber dans l’enfance, mais elle nous trouve encore de vrais enfants.

LE DIRECTEUR.

Nous avons échangé assez de paroles : faites qu’enfin je voie " aussi des actions. Tandis que vous tournez des compliments, on pourrait faire quelque chose d’utile. A quoi bon parler d’inspiration ? Elle ne se montre jamais à celui qui balance. Vous donnez-vous une fois pour poète, eh bien ! commandez à la poésie. Vous savez ce qu’il nous faut ; nos gosiers veulent des boissons fortes : brassez-nous-en sur l’heure ! Ce qui ne se fait pas aujourd’hui ne sera pas fait demain, et l’on ne doit pas négliger un seul jour. La résolution doit soudain prendre hardiment le possible aux cheveux, et ne le laisse pas échapper, et poursuit ’son œuvre, parce qu’il le faut. Vous le savez, sur nos scènes allemandes, chacun essaye ce qu’il lui plaît : ainsi donc ne m’épargnez aujourd’hui ni les décorations ni les machines ; mettez en œuvre le grand et le petit luminaire du ciel ; vous pouvez prodiguer les étoiles ; l’eau, le feu, les rochers, les bêtes, les oiseaux ne manquent pas. Parcourez, dans l’étroite baraque, le cercle entier de la création, et, d’une course rapide et mesurée, passez, à travers le monde, du ciel dans l’enfer.