Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/159

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rons-nous. Déjà le ciel devient sombre, l’air se rafraîchit, le brouillard tombe. C’est le soir qu’on apprécie enfin le logis… Pourquoi t’arrêter ainsi, et qu’observes-tu là-bas avec étonnement ? Qu’est-ce qui peut fixer si vivement ton attention dans le crépuscule ?

FAUST.

Vois-tu ce chien noir se glisser à travers les blés et les chaumes ?

WAGNER.

Je le vois depuis longtemps : je n’y trouvais rien de remarquable.

FAUST.

Observe-le bien ! Que te semble cet animal ?

WAGNER.

Il me semble un barbet, qui, suivant son instinct, cherche avec inquiétude la trace de son maître.

FAUST.

Remarques-tu comme, en décrivant une large spirale, il court autour de n»us et s’approche de plus en plus ? Et, si je ne m’abuse, un tourbillon de feu serpente sur sa trace.

WAGNER.

Je ne vois rien qu’un barbet noir. Ce peut être une illusion de vos yeux.

FAUST.

Il me semble qu’il déroule doucement autour de nos pieds des lacets magiques, comme pour nous lier.

WAGNER.

Je le vois sautiller autour de nous, craintif et embarrassé, parce qu’au lieu de son maître, il voit deux inconnus.

FAUST.

Le cercle se resserre : il est déjà près de nous.

WAGNER.

Tu le vois, c’est un chien et non un fantôme. Il gronde et il hésite, il se couche sur le ventre, il remue la queue… Toutes les manières du chien !

FAUST, au barbet.

Viens avec nous ! Viens ici !