Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/178

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S.

Votre civilité me réjouit fort. Vous voyez un homme tel que beaucoup d’autres. Vous êtes-vous déjà adressé ailleurs ?

L’Écolier.

Je vous en prie, chargez-vous de moi ! Je viens plein de courage, avec quelque argent et une vive ardeur. Ma mère voulait à peine me laisser partir. Je voudrais bien apprendre ici quelque chose de bon.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vous êtes justement au bon endroit.

L’Écolier. 

Franchement,-je voudrais être déjà reparti. Je ne me plais nullement dans ces murailles, dans ces salles. C’est un espace tout à fait borné ; on ne voit rien de vert, pas un arbre, et, dans les salles, sur les bancs, je perds l’ouïe, la vue et la pensée.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Ce n’est qu’une affaire d’habitude. Un enfant ne prend pas d’abord volontiers le sein de sa mère, mais bientôt il se délecte à cette nourriture. Ainsi vous goûterez chaque jour de nouvelles délices aux mamelles de la sagesse.

L’Écolier.

Je me pendrai avec joie à son cou : mais dites-moi seulement comment je puis y parvenir.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Expliquez-vous, avant d’aller plus loin : quelle faculté choisissez-vous ?

L’Écolier.

Je souhaiterais devenir fort savant, et je voudrais embrasser ce qui est sur la terre et dans le ciel, la science et la nature.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Vous êtes sur la bonne voie, mais il ne faut pas vous laisser distraire.

(»• L’Écolier.

Je suis à l’œuvre corps et âme : pourtant je m’accommoderais bien d’un peu de liberté et d’amusement, l’été, dans les beaux jours de fête. ..

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Mettez le temps à profit : il passe si vite ! Mais l’ordre vous