Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/18

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sitions présentes, je crains autre chose de lui ; je crains une résolution rigoureuse, qu’il accomplira irrésistiblement, car son âme est ferme et inébranlable. C’est pourquoi, je t’en prie, veuille te fier à lui : montre-lui de la reconnaissance, si tu ne peux lui donner rien de plus.

IPHIGÉNIE.

Oh ! dis-moi ce que tu sais encore.

ARCAS.

Tu l’apprendras de lui. Je le vois s’approcher. Tu l’honores, et ton propre cœur te presse de l’accueillir avec amitié et confiance. Un homme généreux est mené loin par les douces paroles d’une femme. (Il sort.)

IPHIGÉNIE, seule.

Je ne vois pas, à la vérité, comment je pourrai suivre le conseil de ce fidèle ami ; mais j’obéis volontiers au devoir d’adresser au roi, pour ses bienfaits, des paroles affectueuses, et je souhaite de pouvoir dire, avec vérité, à l’homme puissant des choses qui lui plaisent.

SCÈNE III.

IPHIGÉNIE, THOAS.

IPHIGÉNIE.

Que la déesse te comble de royales faveurs ! Qu’elle t’accorde victoire, honneur et richesse, et le bonheur des tiens et l’accomplissement de tout désir pieux ; en sorte que, toi qui règnes avec souci sur un peuple nombreux, tu goûtes aussi, par préférence au grand nombre, une rare félicité !

THOAS.

Je serais content si mon peuple me célébrait : ce que j’ai conquis, d’autres en jouissent plus que moi. Celui-là est le plus heureux, qu’il soit un prince ou un homme obscur, que le bonheur attend dans sa maison. Tu pris part à ma douleur profonde, quand l’épce des ennemis lit tomber à mes côtés le dernier, le meilleur de mes fils. Aussi longtemps que la vengeance posséda mon esprit, je ne sentis pas le vide de ma demeure ; mais à présent que je reviens satisfait, que leur em-