Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/300

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je vous excite…. Rendons hommage à ces lieux. Voyez alentour comme se multiplient les cercles des admirateurs. Allons, héraut, à ta manière, avant que nous ayons disparu, songe à nous peindre, à nous nommer. Car nous sommes des allégories, et tu devrais nous connaître.

LE HÉRAUT.

Je ne saurais te nommer : je pourrais plutôt te décrire.

LE JEUNE GARÇON.

Essaye donc !

LE HÉRAUT.

Il faut d’abord convenir que tu es jeune et beau. Tu es à peine adolescent, cependant les femmes aimeraient à te voir homme accompli. Tu me parais un galant en herbe et, par naissance, un séducteur.

LE JEUNE GARÇON.

Pas mal ! Poursuis : devine le joyeux mot de l’énigme….

LE HÉRAUT.

L’éclair de tes yeux noirs, l’ébène de ta chevelure bouclée, égayée par un diadème de pierreries, et cette robe élégante, qui flotte de tes épaules à tes pieds, avec une bordure de pourpre et de paillettes, te feraient prendre pour une jeune fille ; mais, pour le mal et pour le bien, tu jouerais dès à présent ton rôle auprès des belles : elles t’ont appris I’abc.

LE JEUNE GARÇON.

Et celui qui, pareil à l’image de la magnificence, brille sur le trône du char ?

LE HÉRAUT.

11 semble un roi, riche et gracieux. Heureux celui qui obtient sa faveur ! Il n’a plus rien à souhaiter. Où quelque chose peut manquer, son regard y pénètre, et le plaisir pur qu’il goûte à donner vaut mieux que la possession et la fortune.

LE JEUNE GARÇON.

11 ne faut pas t’en tenir là : tu dois le décrire exactement.

LE HÉRAUT.

La dignité ne peut se décrire ; mais ce visage de pleine santé, cette bouche fraîche, ces joues fleuries, qui brillent sous la parure du turban, cette noble aisance, sous le vêtement aux