Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/317

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les bonnes amies du diable, sans leur faire injure, ne peuvent passer pour des héroïnes.

FAUST.

Voilà ta vieille chanson ! Avec toi on tombe toujours dans l’incertain. Tu es le père de tous les obstacles ; pour chaque expédient, tu veux une nouvelle récompense. Quelques murmures, je le sais, et te sera fini : on n’aura pas regardé autour de soi, que tu vas produire la vision.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Le peuple païen ne me concerne pas ; il habite son enfer particulier. Il y a cependant un moyen.

FAUST.

Parle, et sans tarder.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

C’est à regret que je révèle un mystère sublime…. Des déesses trônent avec majesté dans la solitude ; autour d’elles point d’espace ; moins encore de temps ; à parler d’elles on se sent troublé : ce sont les MÈres.

Faust, effrayé.

Les Mères ! .

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Cela t’épouvante ?

FAUST.

Les Mères ! les Mères !… Cela sonne d’une manière étrange.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Et c’est étrange aussi. Déesses inconnues à vous autres mortels, et que nous ne nommons pas volontiers ! Va fouiller dans les profondeurs, pour chercher leur demeure : si nous avons besoin d’elles, la faute en est à toi-même.

Faust. Le chemin ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Aucun chemin. Il faut passer où nul ne passa, où nul ne doit passer. Un chemin vers l’inconcédé, vers l’inconcessible. Es-tu prêt ?… 11 n’y a point de serrure, point de verrous à ouvrir…. Tu seras ballotté par les solitudes. As-tu l’idée du vide et de la solitude ?

FAUST.

Tu pourrais, il me semble, t’épargner de pareils discours. Cela