Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/350

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LES SPHINX.

Nous n’allons pas jusqu’à son temps. Hercule a tué les derniers d’entre nous. Tu pourrais t’adresser à Chiron. II galope ça et là dans cette nuit enchantée. S’il s’arrête pour toi, tu auras beaucoup gagné.

Les SirÈnes, chantant..

Cela ne te manquerait pas non plus…. Lorsque Ulysse séjourna parmi nous-, il ne passa point avec mépris ; il nous raconta beaucoup de choses : tu saurais tout de notre bouche, si tu voulais te rendre dans nos campagnes près de la verte mer.

UN SPHINX.

Noble esprit, ne te laisse pas tromper. Comme Ulysse se fit enchaîner, que nos bons conseils t’enchaînent. Si tu peux trouver le noble Chiron, tu apprendras ce que je t’ai promis. (Faust s’éloigne.)

MÉphistophÉlÈs, avec humeur.

Qui passe en croassant et en battant des ailes, si vite qu’on ne peut le voir, et toujours l’un après l’autre ? Ils fatigueraient le chasseur.

LE SPHINX.

Ils sont pareils aux orages d’hiver ; les flèches d’Hercule les atteindraient à peine. Ce sont les rapides oiseaux de Stymphale. Leur salut croassant est à bonne intention : avec leurs becs de vautour et leurs pieds d’oie, ils aimeraient à se montrer dans notre cercle comme parents.

MÉphistophÉlÈs, comme effarouché.

Quelque chose encore siffle là dedans !

LE SPHINX.

N’en ayez point de crainte. Ce sont les têtes de l’hydre de Lerne, séparées du tronc, et qui croient être quelque chose…. Mais dites-moi ce qui vous arrive. Quels gestes d’angoisse ! Où voulez-vous aller ? Partez donc !… Je le vois : ce chœur là-bas fait de vous un torcol. Ne vous gênez pas ! Allez, saluez ces gracieux visages. Ce sont les Lamies, joyeuses et fines gaillardes, aux lèvres souriantes, aux fronts hardis, tels qu’ils plaisent au peuple des satyres. Là un pied de bouc doit tout oser.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Mais vous restez ici, et je vous retrouverai ?