Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/409

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FAUST.

C’est le trésor, le gage et la haute couronne : Mais l’assurance enfin ?…

HÉLÈNE.

Celte main te la donne ! 

LE CHOEUR.

Qui blâmerait notre princesse d’accorder au maître du château des témoignages de bienveillance ? Avouez-le, nous sommes toutes captives, comme nous l’avons été déjà souvent, depuis la chute injurieuse d’Ilion, et depuis nos courses pénibles, inquiètes, vagabondes.

Les femmes accoutumées à l’amour des hommes ne sont pas exclusives, mais connaisseuses, et, comme aux bergers à cheve lure blonde, selon la conjoncture, elles accordent aux faunes bruns et velus même droit sur leurs membres potelés. Déjà ils sont assis plus près, plus près, l’un contre l’autre appuyés, épaule contre épaule, genou contre genou ; la main dans la main, ils se bercent sur le trône aux coussins magnifiques. La majesté ne se refuse pas l’orgueilleuse manifestation de ses plaisirs secrets devant les yeux du peuple.

HÉLÈNE.

Je me sens si loin et cependant si près, et ne dis que trop volontiers : « Je suis là ! je suis là ! »

FAUST.

Je respire à peine, ma voix tremble, elle hésite. C’est un songe : le jour et le lieu ont disparu.

HÉLÈNE.

Je me sens comme vieillie, et cependant nouvelle ; identifiée avec toi, fidèle à l’inconnu.

FAUST.

Veuille ne pas approfondir cette destinée sans pareille ! Vivre est un devoir, ne fût-ce qu’un instant.

Phorcis, entrant avec violence.

Vous épelez dans l’alphabet des amants ; vous ne faites que raffiner frivolement sur l’amour ; vous perdez le temps à faire l’amour avec subtilité ; mais ce n’est pas le moment. Ne sentezvous pas qu’un orage gronde sourdement ? Écoutez donc sonner la