Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/415

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Très-flattée de cet honneur, je me tenais auprès d’eux, mais, comme il convient aux confidents, je regardais ailleurs, je tournais ça et là ; je cherchais des racines, de la mousse et des écorces, dont je connais toutes les vertus. Ainsi ils restaient seuls.

LE CHOEUR.

On dirait, à t’entendre, qu’il y ait là dedans tout un monde, des bois et des prairies, des ruisseaux et des lacs : quels contes nous débites-tu là ?

Phorcis.

Sans doute, jeunes ignorantes ! Ce sont des profondeurs inexplorées, des salles et des salles, des cours et des cours, que j’ai découvertes en poursuivant mes rêveries. Mais tout à coup un éclat de rire retentit dans les vastes cavernes. Je regarde : un enfant s’élance du sein de la femme vers le mari, du père vers la mère ; les caresses, les badinages, ’les agaceries d’un fol amour, les cris badins et les éclats de la joie m’étourdissent tour à tour. Un génie, nu et sans ailes, faune sans bestialité, bondit sur le sol ; mais le sol, qui réagit, le lance dans l’air, et, au deuxième, au troisième saut, il touche à la haute voûte. La mère lui crie avec angoisse : « Tu peux bondir, bondir encore ; au gré de ton envie, mais garde-toi de voler : le libre vol t’est défendu. » Et son tendre père l’avertit à. son tour : * C’est dans la terre que réside le ressort qui te pousse en haut : touche de l’orteil seulement le sol, tu seras soudain fortilié comme Antée, le fils de la terre. » Alors il bondit sur la masse de ce rocher, d’un côté à l’autre et alentour, comme bondit une balle qu’on frappe. Mais tout à coup il disparaît dans la crevasse d’un sauvage abîme, et nous le croyons perdu. La mère gémit, le père la rassure : je tressaille et demeure dans l’angoisse. Et soudain, quelle apparition nouvelle ! Des trésors sont-ils cachés là-bas ? Il parait avec dignité, en vêtements semés de fleurs. Des franges se balancent à ses bras, des bandelettes voltigent autour de son sein ; il porte à la main la lyre d’or, tout semblable à un petit Phébus ; il marche joyeux vers le bord, vers la saillie. Nous sommes surpris, et les parents ravis tombent dans les bras l’un de l’autre. Car quelle est cette clarté sur sa tête ? Que voyons-nous briller ? Il est difficile de Je dire. Est-ce une parure’