Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/458

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LE’ PETIT JARDIN.

Philémon, Baucis et l’étranger sont à table.

BAUCIS, ô l’étranger.

Tu restes muet ?… Et tu ne portes pas un morceau à ta bouche entr’ouverte ?

PHILÉMON.

Il voudrait bien savoir quelque chose du prodige. Tu parles volontiers : fais-le-lui connaître.

BAUCIS.

.Oui, sans doute, ce fut un prodige, qui aujourd’hui même ne me laisse pas en repos : car toute l’affaire se passa d’une manière suspecte.

PHILÉMON.

Peut-il être coupable," l’empereur qui lui octroya le rivage ? Un héraut ne l’a-t-il pas proclamé à grand bruit en passant ? Ce n’est pas loin de nos dunes que l’on commença de prendre pied….Tentes, cabanes !… mais bientôt, dans la verdure, s’élève un palais.

BAUCIS.

Le jour, les ouvriers faisaient du tapage en vain, et la pioche et la pelle coup sur coup ; à la place où de petites flammes voltigeaient la nuit, une digue s’élevait le jour suivant. Le sang humain dut couler en sacrifice ; la nuit, des cris d’angoisse éclataient ; des torrents de feu s’écoulaient vers la mer : le lendemain, c’était un canal. Cet homme est un impie ; il convoite notre cabane, notre bois : comme il se montre orgueilleux voisin, il faut être soumis.

PhilÉmon.

Il nous a pourtant offert un joli bien dans le nouveau pays.

Th. m 29