Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/467

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A TROIS.

Les nuages passent, les étoiles disparaissent. Derrière, derrière, de loin, de loin, voici notre sœur, voici…. la Mort !… Faust, dans le palais.

J’en ai vu quatre venir, et trois seulement s’en aller. Je n’ai pu saisir le sens de leurs paroles : cela sonnait comme « la Misère ; » puis est venu un mot lugubre1 : la Mort. » C’étaient des voix creuses, sourdes, fantastiques. Je ne puis encore me remettre. Si je pouvais écarter la magie de mon chemin, désapprendre absolument les formules de la cabale, ô nature, je serais un homme devant toi ; un homme, et rien de plus. Alors il vaudrait la peine d’appartenir à l’humanité. Un homme ! je le fus jadis, avant d’avoir fouillé dans les ténèbres, avant d’avoir maudit, par des paroles criminelles, et le monde et moi-même. Maintenant, l’air est si rempli de ces spectres que nul ne sait comment les éviter. Lors même que le jour nous sourit, lumineux et sage, la nuit nous enlace dans un tissu de songes. Nous revenons joyeux des vertes campagnes ; un oiseau croasse : que signifie ce croassement ? Un malheur ! A toute heure, la superstition nous enveloppe…. Cela se prépare, et se révèle, et nous avertit ; et puis, effrayés, nous restons seuls. La porte crie et il n’entre personne. (Avec effroi.) Y a-t-il quelqu’un ici ?

LE SOUCI.

Oui, puisque tu le demandes.

Faust. Et toi, qui es-tu donc ?

LE SOUCI.

Bref, je suis là !

FAUST.

Éloigne-toi.

LE SOUCI.

Je suis à ma place.

Faust, à part, d’abord avec courroux, puis en se modérant. 

Observe-toi, et ne prononce aucune parole magique.

Le souci. 

Quand même nulle oreille ne m’entendrait, je n’en gronde-

J. La texte dit.une rime lugubre ; Tod, mort, rime avec Noth, misère.