Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

devant le trône de Pluton, pour saluer notre hôte, comme de nouveaux venus.

IPHIGÉNIE.

Ovous, frèreet sœur, qui, dans le vaste ciel, apportez, jour et nuit, aux hommes la belle lumière, et qui ne pouvez luire sur les morts, sauvez-nous, sauvez le frère et la sœur ! Diane, tu chéris ton aimable frère par-dessus tout ce que la terre et le ciel peuvent t’offrir, et tu tournes, avec un désir paisible, ton front virginal vers sa lumière éternelle. Oh ! ne laisse pas mon unique frère, mon frère enfin retrouvé, s’égarer dans les ténèbres du délire ! Et, si le dessein pour lequel tu m’as cachée en ce lieu est désormais accompli ; si tu veux m’accorder par lui, et à lui par moi, ton divin secours, dégage-le des liens de cette malédiction, de peur que ne s’évanouisse le moment précieux de la délivrance.

PYLADE.

Nous reconnais-tu, et ce bois sacré et cette lumière, qui ne brille pas pour Tes morts ? Sens-tu le bras de ton ami et de ta sœur, qui te tiennent, encore vigoureux, encore vivant ?Pressenous fortement dans tes bras : nous ne sommes pas de vaines ombres. Observe aussi ma parole. Écoute-la. Rassemble tes forces. Chaque instant est précieux, et notre retour tient à des fils délicats, que semble filer une Parque favorable.

ORESTE, à Iphigénie.

Laisse-moi, d’un cœur libre, goûter, pour la première fois, dans tes bras une joie pure !… 0 dieux, qui, avec des flammes puissantes, parcourez le ciel, pour consumer les nuages pesants, et qui, bienfaisants et sévères, parmi la voix de la foudre et le fracas des vents, versez sur la terre, en torrents impétueux, la pluie longtemps implorée, mais qui bientôt transformez en bénédictions l’anxieuse attente des hommes, et changez la stupeur inquiète en regards joyeux et en cris de reconnaissance, quand le nouveau soleil se reflète de mille manières dans les gouttes de pluie, sur les feuilles désaltérées, et lorsque Iris, riante, diaprée, divise de sa main légère le crêpe grisâtre des derniers nuages…. Oh ! souffrez aussi que, dans les bras de ma sœur, sur le sein de mon ami, je goûte et je conserve, avec une pleine reconnaissance, les biens que vous m’accordez. Elle est vaincue