Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/82

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ELPÉNOR.

A l’avenir, ne me retire pas tes conseils !

ÉVADNÉ.

Tu les auras, si tu me les demandes ; et même sans les demander, si tu peux les entendre.

ELPÉNOR.

Lorsque j’étais assis devant toi auprès du feu, et que tu me racontais les exploits du vieux temps ; que tu vantais un homme de bien ; que tu exaltais le mérite d’un noble cœur : alors je sentais un feu courir dans ma moelle et dans mes veines ; je disais, au fond de mon âme : « Oh ! fusse-je l’homme dont elle parle ainsi ! »

ÉVACUÉ.

Oh ! puisses-tu, avec une ardeur toujours égale, t’élever jusqu’à la hauteur qui est accessible ! C’est le vœu le meilleur que je puisse t’offrir, avec ce baiser d’adieu. Cher enfant, sois heureux !… Je vois approcher la reine.

SCÈNE III.

ELPÉNOR, ANTIOPE, ÉVADNÉ.

ANTIOPE.

Je vous trouve ici en conversation amicale.

ÉVADNÉ.

La séparation invite à renouveler le lien de l’amitié.

ELPÉNOR.

Évadné m’est chère : la quitter me sera pénible.

ANTIOPE.

Tu vas aujourd’hui au-devant de la réception la plus belle : lu apprendras enfin ce qui t’a manqué jusqu’à ce jour.

ÉVADNÉ.

Heine, as-tu encore quelques ordres à me donner ? Je rentre dans le palais, où bien des choses appellent la surveillance.

ANTIOPE.

Je n’ai rien à dire, Ëvadné, rien aujourd’hui. Car toujours, ce que tu fais, je n’ai qu’à l’approuver.

SCÈNE