Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/109

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néralogie et de la géologie, il me conseilla de ne plus marteler de lourdes pierres et d’appliquer mes outils à ce travail. J’ai obéi à ces instances amicales ; mais jusqu’ici il m’a été impossible de fixer mon attention sur ces objets. Maintenant je tire du paquet Iphigénie, et je la prend pour compagne de voyage dans la belle et chaude contrée. Le jour est long, la méditation tranquille, et les magnifiques tableaux qui m’environnent n’étouffent nullement le sentiment poétique ; avec le mouvement et le grand air, ils lui donnent au contraire une vivacité nouvelle.


DU BRENNER A VÉRONE.


Trente, 11 septembre 1786, le matin.

Après cinquante heures de vie et d’occupation continuelles, je suis arrivé ici hier au soir à huit heures ; je me suis couché bientôt après, et maintenant je me retrouve en état de poursuivre mon récit, A neuf heures du soir, lorsque j’eus achevé le premier article de mon journal, je voulus encore dessiner l’auberge, la maison de poste du Brermer ; mais je ne réussis pas à en saisir le caractère, et je rentrai un peu chagrin au logis. Le maître de poste me demanda si je ne voulais point partir, puisqu’il faisait clair de lune et que la route était belle. Je savais bian qu’il avait besoin de ses chevaux le lendemain matin pour rentrer le regain ; qu’il serait charmé de les voir de retour pour ce moment, et qu’ainsi son conseil était intéressé : cependant je le suivis, parce qu’il était d’accord avec mon inclination. Le soleil se remontra, l’air était assez doux ; je fis mon paquet, et je partis vers sept heures. L’atmosphère s’était dégagée de nuages et la soirée était des plus belles.

Le postillon s’endormit, et les chevaux descendirent au grand trot la route connue : arrivaient-ils en plaine, ils allaient plus lentement, le postillon s’éveillait et les pressait de nouveau. Et c’est ainsi que j’arrivai très-vite, à travers de hauts rochers, au bord de l’impétueux Adige [1]. La lune se leva pour éclairer

  1. Non pas l’Adige, mais l’Eisach.