Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/28

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PREMIÈRE PARTIE.

Quand les lettres qui suivent nous furent communiquées en manuscrit, il y a plusieurs années, on assurait les avoir trouvées parmi les papiers de Werther, et l’on prétendait savoir qu’avant sa liaison avec Charlotte il avait été en Suisse. Nous n’avons jamais vu les originaux, et nous ne voulons d’ailleurs en aucune manière préjuger le sentiment et l’opinion du lecteur : quoi qu’il en soit, on ne pourra parcourir ces quelques pages sans intérêt.

Combien mes descriptions me rebutent, quand il m’arrive de les relire ! Tes conseils, tes invitations, tes ordres peuvent seuls m’y résoudre. J’avais lu moi-même mille descriptions de ces objets avant de les voir : m’en offraient-elles une image ou seulement quelque idée ? Vainement mon imagination travaillait pour les reproduire ; vainement mon esprit s’efforçait d’y rattacher quelques pensées. Me voilà maintenant à contempler ces merveilles, et qu’est-ce que j’éprouve ? Je n’ai aucune idée, aucun sentiment, et je voudrais bien que ce spectacle éveillât chez moi le sentiment et la pensée. Cette magnifique nature me


Cet avant-propos ne fera illusion à personne : dans les lettres qu’on va lire, Goethe nous présente ses impressions personnelles. Il a fait deux voyages en Suisse : le premier, aux mois de juin et juillet 1775, avec les deux comtes de Stolberg; le second, depuis le 12 septembre 1779 jusqu’au 13 janvier 1780, avec le ducdeWeimar, qui voyageait incognito, et de Wedel, grand maître des eaux 9t forêts. Les lettres renfermées dans la première partie sont une œuvre d’imagination et de fantaisie : elles furent inspirées par le premier voyage ; les autres ont une relation exacte et fidèle du second.