Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/355

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mousse jaune vif ; un sédum d’un beau rouge développe dessus sa végétation luxuriante, avec d’autres belles fleurs violettes. Une soigneuse culture se montre dans les plantations de cactus et dans les vignes. Plus loin s’avancent d’énormes courants de lave. Motta est un rocher imposant et beau. Ici les fèves sont de très-hauts arbustes. Le sol des champs varie, tantôt très-argileux, tantôt mieux mélangé. Le voiturin, qui peut-être n’avait pas vu depuis longtemps cette végétation printanière de la côte sud-est, poussa de grandes exclamations sur la beauté des blés, et il nous demanda avec un orgueil patriotique s’il y en avait de pareils dans notre pays. Ici on sacrifie tout au blé ; on voit peu ou plutôt on ne voit point d’arbres. Nous avons admiré une délicieuse jeune fille, à la taille riche, élancée, une ancienne connaissance de notre voilurin ; elle suivait son mulet à la course, jasait, et cependant tournait son fuseau avec toute la grâce imaginable. Ici les fleurs jaunes commencent à dominer. Vers Misterbianco, les cactus reparaissent dans les haies ; mais les haies entièrement composées de ces plantes aux formes étranges deviennent, dans le voisinage de Gatane, toujours plus régulières et plus belles.

Catane, mercredi 2 mai 1787.

Nous nous trouvions en effet très-mal dans notre auberge. La cuisine que pouvait nous faire le muleljer n’était pas des meilleures. Cependant une poule au riz, qu’on nous avait servie, n’aurait pas été à dédaigner, si une profusion de safran ne l’avait pas rendue aussi immangeable qu’elle était jaune. Nos lits détestables nous auraient presque obligés de recourir sur nouveaux frais au sac de Hackcrt : nous en avons parlé h notre bonhomme d’aubergiste. 11 a témoigné ses regrets de ne pouvoir mieux nous traiter, et nous a signalé vis-à-vis une maison où les étrangers étaient bien reçus et avaient tout sujet d’être contents. Il nous indiquait à l’angle de la rue une grande maison qui, de notre côté, avait la meilleure apparence. Nous y avons couru sur-le-champ et nous avons trouvé un homme alerte, qui s’est donné comme domestique de louage, et, en l’absence de l’hôte, nous a ouvert une belle chambre à côté d’un salon, nous assurant en même temps que nous serions servis aux prix les plus modérés. Aussitôt nous avons demandé, sui-